Une idée en passant
« Salut Najim !
Elle n’est pas de moi l’idée, donc elle devrait être exploitable.
Il m’est arrivé un truc affreux il y a environ dix jours : dans le « bouquet » des chaînes de notre abonnement internet/téléphone/télévision/livres de notre FAI, ma femme a trouvé une chaîne judicieusement intitulée « Télé Maison » qui, comme son nom le laisse sobrement supposer, traite de « la maison », de ses aménagements, de sa déco, du jardin qu’il peut y avoir autour, etc. Bref, la parfaite télé pour bobos CSP+++ à qui il reste un peu d’argent après les remboursements pharaoniques pour leurs demeures de maître en ville.
D’après le peu que j’ai pu en voir à mes heures de grande écoute, cette chaîne diffuse des émissions françaises et des émissions produites sur le continent nord-américain. C’est ainsi que j’ai me suis rendu compte que Laurent Cabrol, l’insupportable ex-Monsieur Météo d’une chaîne publique, sévit toujours mais s’est reconverti dans le jardinage – ou quelque chose d’approchant. C’est dingue, je croyais qu’il avait disparu de la circulation à peu près en même temps que Gillot-Pétré.
C’est en tombant sur des émissions nord-américaines que je suis également tombé sur le postérieur en voyant à quel point, malgré le fait qu’elles soient réalisées par des blancs occidentaux d’origine chrétienne comme toi et moi, le fossé culturel qui nous sépare d’eux était plus abyssal encore que l’océan Atlantique qui nous en préserve physiquement.
Par exemple, j’ai vu deux espèces de Robin des bois modernes, probablement adeptes de la décroissance constructive, qui tournent en ville avec leur pickup (le 4L fourgonnette du nord-américain pauvre) à la recherche de mobilier laissé au rebut sur la voie publique par leurs propriétaires.
Ils embarquent alors le déchet dans leur atelier, le rénove sous le regard de la caméra, à grand renfort de gestes et d’exclamations enthousiastes, souvent en le détournant totalement de sa fonction originale, puis vont redéposer sur le seuil de leurs anciens propriétaires l’objet façonné pour sa nouvelle vie.
Un petit coup de sonnette à la porte, ils se rabattent ensuite vite fait dans leur pickup garé non loin de là et y observent la réaction des gens qui sont tout ébaubis en retrouvant, qui leur ancienne télé des années cinquante transformée en table basse aquarium éclairée par le dessous, qui leur canapé éventré transformé en canapé rutilant moitié tapissé d’un tissu à motifs brodés hideux moitié « tablettés » de panneaux de cuivre sur une face des coussins (le canapé d’angle tablette réversible – un côté coussin, un côté tablette en tôle de cuivre où poser la canette de bière et le bol de friandises salées), qui la gazinière transformée en barbecue avec peinture flamme sur les flancs (genre bagnole de Jacky tunée à mort)… Stooooop !
Des vrais goûts de chiottes, mais en même temps on comprend à quel point est véridique la propagande qui dit « aux States tout est possible ».
Mais le truc affreux ce n’est pas ça. Après tout, s’il n’y avait que ça, il suffirait d’éteindre le poste.
Non, le truc affreux c’est que cette chaîne diffuse également les anciennes émissions de « Question maison »… Et là… Aïe ! Je craque…
Parce que moi qui ne regarde pas trop la télé (j’ai d’autres façons de perdre mon temps), « Question maison »… Je suis assidu chaque mercredi à 20h40 sur France 5…(1)
J’adore regarder le « tour du propriétaire » des maisons dans lesquelles ils se rendent… J’adore rigoler comme un sagouin quand je découvre à quel point on peut faire des trucs vraiment pas terribles quand on a du fric et pas d’idées… Ou des idées de magazine, ce qui revient au même. Il y a rarement de bonnes surprises (sauf une fois quand ils ont visité une demeure familiale je ne sais plus dans quel coin perdu de la France, décorée du feu de Dieu avec des objets venant d’un peu partout dans le monde – et à priori des objets qui n’y avaient pas été pillés).
Mais le truc que j’aime dans « Question maison », ce sont les reportages sur les « artisans d’art ». Il y a eu par exemple un jeune artiste de Barcelone, qui sillonne la ville à la recherche de matériaux de récupération et qui transforme tout, le résultat est parfois bizarre (c’est normal, c’est l’Espagne) souvent sympa (c’est normal, c’est l’Espagne).
Dernièrement, j’ai vu un gars, installé dans une région viticole, qui récupère de grosses douelles d’anciennes barriques, il en dresse les chants puis les tronçonne afin d’obtenir des parallélépipèdes de bois réguliers. Et là, le truc qui motive ce long courrier : il les assemble ensuite côte à côte, pour en faire des plans de travail par exemple, des tables ou toute surface plane que tu voudras, mais bois de bout visible.
Comme les douelles se sont imprégnées à différentes profondeurs des liquides colorés que renfermaient les barriques, en présentant le bois de bout il peut jouer des motifs découverts par le tronçonnage…
C’est évidemment plus facile à visualiser qu’à décrire 🙂 mais l’effet est vraiment sympa.
Et il s’agit de pièces uniques ! (En voilà du gros argument à bobo… 😀 )
Bon, je te laisse, l’idée m’a tellement botté que j’ai des chais à prospecter et une dégau à acheter… 🙂 »
Edit : Question maison n’existe plus. On a donc perdu la petite voix un chouïa impertinente et les coups de crayons inspirés de Philippe Demougeot.
A la place on a récupéré La maison France 5, même présentateur mais une voix off qui se prend au sérieux sur des sujets survolés, des architectes tellement bien insérées dans leur époque qu’on se demande comment elle s’y prendraient si elles n’avaient pas leur ordi pour tracer des droites et booster leur inspiration défaillante. Bref, un magazine télévisuel qui se prend pour un magazine sur papier glacé, et qui n’y arrive même pas. On a vraiment perdu au change. Mais c’est très bien : ça libère du temps de cerveau disponible ! (retour).
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